La grande famille de tous les GAUDEL |
Christiane GAUDEL, cantatrice à l'Opéra Comique
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Christiane Marie Marguerite CONUS-GAUDEL appartient à la branche de Taintrux.
1913 "A ma Christiane bien aimée Son grand-père (signé "Conus")" |
L'histoire de Christiane CONUS* débute à Bayon, petite bourgade lorraine de 1200 habitants en ce début de XXè siècle, située à une trentaine de kilomètres au sud de Nancy, en Meurthe et Moselle, Lorraine. Christiane y voit le jour le 16 février 1907, dans une famille bourgeoise. Son père, Edouard CONUS y est percepteur et fils d'Achille CONUS,trésorier payeur général des Vosges. Après un veuvage de près de huit années, Edouard vient d'épouser en secondes noces, Alice GRANDJEAN, fille d'un entrepreneur de Charmes, Vosges. La petite famille est heureuse lorsqu'un nouvel enfant, Huberte, naît au sein du foyer en 1908. |
Mais le bonheur est de courte durée. Huberte est retrouvée noyée, dans le jardin familial, à l'âge de 17 mois, en avril 1910. Pour comble de maheur, Edourd CONUS, père de Christiane et d'Huberte, décède quelques mois plus tard, en septembre 1910, âgé de 43 ans.
Alice GRANDJEAN, âgée de 26 ans, se retrouve ainsi seule, avec sa fille Christiane, âgée de 3 ans.
C'est à cette même époque qu'Henri GAUDEL, ayant abandonné la pharmacie familiale de Bruyères, entame sa carrière de Conteur lorrain, et s'installe à Bayon, rue de la Gare ... à quatre maisons de celle d'Alice.
Henri GAUDEL, célibataire âgé de 32 ans, et Alice GRANDJEAN, veuve, âgée de 27 ans, s'unissent en août 1911 à Bayon.
Christiane grandira avec Henri et Alice, entourée, de surcroit, de l'affection de ses grands-parents paternels CONUS.
Alice, titulaire du brevet élémentaire, est une chanteuse et musicienne accomplie. La presse en fait un brillant éloge alors qu'elle interpète des airs d'opéras à l'occasion de concerts locaux, à Charmes, vers 1900. Par la suite et durant une large période, Alice enseignera piano et chant, sous le toit familial.
Notons qu'au delà de ses dons musicaux, Alice est une brodeuse accomplie ; ce qui permettra au couple de créer une petite entreprise de broderie, sise dans leur grande maison de l'avenue de La Gare, employant une demi-douzaine de brodeuses. Dans les années 1920, le "patron" en titre de l'affaire est Henri GAUDEL, dont la profession est ainsi qualifiée de "brodeur", avant de devenir "homme de lettres".
C'est dans cette ambiance familiale que Christiane sera initiée à la musique et au chant par sa mère, et imprégnée des romans et opérettes écrits par Henri GAUDEL.
Elle semble cependant vouloir quitter rapidement le foyer familial, puisqu'en septembre 1925, à l'âge de 18 ans, elle épouse Charles NOIREL, un aviateur vétéran de 1914-1818, divorcé, et de 13 ans son ainé.
Le couple s'installe 5, rue de l'Hotel de Ville à Epinal, où son mari possède une entreprise de fourrures.
Christiane ne semble pas goûter sa vie maritale, se présentant toujours comme "Madame CONUS" ... ou "Mademoiselle CONUS".
Le mariage résistera moins de cinq ans pour se terminer en divorce, en mars 1930.
Christiane GAUDEL débute à l'Opéra comique en 1933 |
Il semble que cette courte expérience maritale fut mise à profit par Christiane pour travailler sa voix. C'est peu avant son divorce, en juin 1929, que "Mademoiselle CONUS" apparait comme lauréate au concours du Conservatoire de Nancy, dans la classe de chant de madame Schaeffer. Cette première présentation apportera un premier accessit à Christiane qui laisse échapper premier et deuxième prix malgré un bel éloge du jury : "une très belle voix formée et placée ; le timbre, très joli se prête admirablement au style et à l'interprétation qui est toujours très expressive". Ce premier succès va galvaniser Christiane qui remportera, l'année suivante, en 1930, le premier prix du Conservatoire de Nancy, et sera admise au Conservatoire National de Paris. En août 1930, avant son départ pour Paris, elle interprète des romances, tandis qu'Henri GAUDEL présente "Célestin" au profit des oeuvres de bienfaisance à Bayon. |
Le rapprochement de Christiane avec Henri GAUDEL et sa mère Alice, suite à son divorce est probalement le facteur déterminant du changement d'identité de Christiane. Entre 1930 et 1932, elle apparait sous le nom de Christiane CONUS, puis Christiane CONUS-GAUDEL, pour se figer définitivement en Christiane GAUDEL, nom de scène qu'elle adoptera définitivement.
Pourtant, à cette époque, Christiane n'a aucun lien officiel avec ce patronyme d'emprunt. Ce n'est qu'en 1942, que le tribunal de Lunéville validera l'adoption par Henri GAUDEL de celle dont le nom officiel sera désormais Christiane CONUS-GAUDEL.
La scène se tient vers 1930, au pied de l'escalier de la maison familiale du 29 de l'avenue de la Gare à Bayon
Christiane est debout derrière Henri GAUDEL et sa mère Alice GRANDJEAN
Hortense , dite "Sidonie", mère d'Alice, vit avec le couple depuis la mort de son époux en 1919 ; elle y demeurera jusqu'à son décès en 1932
Christiane remportera plusieurs premiers prix à l'occasion des concours du Conservatoire de Paris, dans la catégorie Opéra-Comique où elle excelle.
En mars 1933, à l'occasion de l'exposition de la Lorraine à la maison de France, Paris, Albert Lebrun, président de la république félicitera Christiane qui, pour l'occasion, chante des chansons lorraines dont "Le plus beau pays" et "Sous le mirabellier" d'Henri GAUDEL.
Enfin, en juillet 1933, après avoir remporté un nouveau premier prix au concours du Conservatoire où elle chantait "Zerline" de "Don Juan", Christiane est engagée à l'Opéra-Comique de Paris.
Christiane fait ses débuts le 21 novembre de la même année, avec l'interprétation de "Suzel", le premier rôle femme dans la reprise de "Le juif polonais". Pierre-Barthélemy Gheusi, directeur de l'Opéra-Comique, lui confie également le rôle de "Sophie", dans "Werther" et celui de "Rozenu", dans "Le Roi d'Ys".
Les succès s'enchaînent pour Christiane, notamment dans les créations de l'Opéra-Comique : "Marie l'Egyptienne" en 1934 ; "Mon ami Pierrot", "Gargantua" et "l'Ecole des maris", en 1935 ; "le Chevalier de Mauléon" et "Cyrano de Bergerac", en 1936.
En 1934, à l'Opéra-Comique, Christiane interprète "Babet", dans "Le nouveau seigneur du village" (assise devant)
Parallèlement, en 1935, Christiane participe, dans le rôle d'"Irma", à l'enregistrement phonographique de "Louise" de Gustave Charpentier. Puis elle intéprète l'oeuvre du compositeur nancéien Litaize, qui a remporté à Paris le Grand Prix Rossini et le Grand prix de Rome. En 1937, elle interprète l'oeuvre de Victor Serventi qui vient de recevoir le premier grand prix de Rome de musique.
"Hélène" dans "L'éducation manquée" |
Christiane GAUDEL joue "Hélène" dans la première de "L'Education manquée" jouée à L'Opéra-Comique en 1938. Alors que Paris est occupé durant la guerre 1939-1945, Christiane poursuit sa carrière à l'Opéra-Comique. Devenue populaire, sa voix est fréquemment diffusée sur les ondes de la T.S.F. dans les années 1930-1940 Elle poursuivra sa carrière avec de multiples rôles dans les créations de l'Opéra-Comique : "la Nuit embaumée", en 1939 ; "l'Etoile", "Comme ils s'aiment" et "Carmosine", en 1941 ; "Mon oncle Benjamin", en 1942 ; "la Gageure imprévue", en 1944 ; "14 juillet", en 1945 ; "Fragonard", en 1946 ; "le "Oui" des jeunes filles", en 1949 ; "Il était un petit navire" et "Marion ou la Belle au tricorne", en 1951 ; "Dolorès", en 1952 ; et "Ciboulette", en 1954. Au total, Christiane interprétera de nombreux autres rôles à succès**. |
Entre 1952 et 1954, Christiane enregistrera plus de 50 disques, dont certains, destinés à l'éducation nationale, contribuent à l'éveil musical des jeunes.
Restée "célibataire" de 1930 à 1954, Christiane épouse, Camille GRANDJEAN, en janvier1954.
Camille, divorcé depuis quelques mois, était probablement une ancienne "amourette" de leur jeunesse commune, interrompue par le premier mariage de Christiane. En effet, Christiane et Camille étaient tous deux nés à Bayon, en 1907 ; la première, en février ... le second en janvier !
Le couple s'installe dans la région où vit Camille, à Valdoie, Territoire de Belfort.
Malheureusement, cette seconde union sera également de courte durée ; atteinte d'un cancer, Christiane GAUDEL s'éteindra en avril 1957, à l'âge de 50 ans. Son corps repose dans la tombe familiale de Bayon.
La tombe familiale CONUS GRANDJEAN GAUDEL, à Bayon
* Je remercie Anne-Marie CAVAJANI-ERB pour son aimable accès accordé à sa documentation familiale
** Selon l'association "L'art lyrique français" :
Soprano. Débute dans "le Juif Polonais" (Suzel). A créé salle Favart : Mon Ami Pierrot (une Demoiselle), Carmosine (Demoiselle d'honneur), le Chevalier de Mauléon (Yolande), Comme ils s'aiment (Justine), Cyrano de Bergerac (une Sur), l'École des maris (Léonore), Une Éducation manquée (Hélène), l'Étoile (Adza), Fragonard (Demoiselle de mode), la Gageure Imprévue (Gott), le 17 février 1935 Gargantua (Bougette) d'Antoine Mariotte, Malvina (Caroline), Il était un Petit Navire (Caroline), Marion (Jeannette), Marie l'Égyptienne (une voix), la Nuit Embaumée (Maïna) Mon Oncle Benjamin (une jeune fille), le Oui des Jeunes Filles (Rita), le Testament de la Tante Caroline (la Nurse), le Doux Caboulot (la Récitante), Dolorès (Roseta) et Ciboulette (Françoise). D'autre part a été affichée dans Angélique (une Voisine), Carmen (Frasquita), Cavalleria rusticana (Lola), le Bon roi Dagobert (Demoiselle d'honneur, une Novice), Don Quichotte (Pedro), lEnfant et les Sortilèges (une pastourelle), la Femme Nue (Nini), Fortunio (Madelon), le Jongleur de Notre-Dame (voix d'ange), la Habanéra (une Fiancée), Lakmé (Miss Ellen, Miss Rose), la Lépreuse (Sur d'Ervoanik, une Lavandière), Louise (Camille, la Plieuse), Madame Butterfly (Kate, la Tante), Manon (Javotte), Masques et Bergamasques (Colombine), Mireille (Vincenette, Clémence, Andreloun), les Noces de Figaro (Chérubin, Demoiselle d'honneur), le Nouveau Seigneur du village (Babet), Pelléas et Mélisande (Yniold), Phryné (Lampito), la Reine Fiammette (jeune garçon), les Rendez-vous bourgeois (Louise), le Roi malgré lui (une Serve), le Rossignol de Saint-Malo (une Commère), Sapho (Irène), le Sicilien (Climène), le Sourd (Isidore d'Orbe), la Traviata (Clara, Anette), la Vie Brève (une Vendeuse), Vieux Garçons (Catherine), Werther (Sophie), Chanson de Paris (Rosette), Ginevra (la Fille rousse), le Rêve (Enfant de chur) et Madame Bovary (une Femme).