La grande famille de tous les GAUDEL |
Dominique GAUDEL, père des "Pieds-Noirs" GAUDEL
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Dominique GAUDEL appartient à la branche de Montigny.
Les ancêtres de Dominique GAUDEL ont quitté Montigny vers 1736 pour aller s'installer dans la région de Moussey.
Dominique est né en 1808 à Azoudange. Ce village situé à une dizaine de kilomètres de Moussey appartient à cette époque au département de la Meurthe en Lorraine. Il deviendra allemand en 1871 puis reviendra à la France en 1918. Peuplé d'une centaine d'habitants, il se situe aujourd'hui au sud du département de la Moselle, en Lorraine.
Dominique appartient à une famille modeste de huit enfants dont le père, Jean François, est manoeuvre comme la quasi totalité des hommes de la famille GAUDEL.
Dominique se démarque cependant puisqu'il devient tailleur d'habits, profession qu'il exerce entre 1831 et 1848.
En août 1831, il épouse Marie Rose CHARDIN à Maizières lès Vic, village situé entre Moussey et Azoudange.
Le mariage vient d'être célébré quand Jean François GAUDEL, père de Dominique, décide de partir en Amérique avec toute sa famille. La décision a été probablement prise de concert avec Dominique, puisque le jeune couple fera également partie du grand voyage. C'est ainsi qu'en novembre 1831 Jean François GAUDEL arrive à New York avec tous ses enfants.
L'aventure américaine de ces GAUDEL débute et se poursuivra jusqu'à nos jours pour tous, à l'exception du couple de Dominique, qui retournera en France, en Lorraine, quelques années plus tard. Leur seul bien américain sera leur fils Emile, né en 1835 à New York !
Et puis, leur expérience américaine leur a ôté toute appréhension de voyager pour aller chercher meilleure fortune ailleurs. C'est ainsi que la famille se déplace de Lorraine vers Paris.
L'époque est difficile lorsqu'ils arrivent dans la capitale, le travail est rare, le chômage est important, la colère gronde dans les milieux ouvriers, ce sont les barricades de juin 1848. On connaît la répression qui suivit où durant quatre jours, les atrocités de l'armée laissèrent des milliers de morts et une forte rancoeur aux survivants.
Pendant ce temps, de l'autre côté de la Méditerranée, l'Algérie devenue une nouvelle terre française depuis 1830 reste aux mains des militaires, mais la nécessité d'une colonisation civile s'y fait sentir.
En proposant aux ouvriers parisiens de s'installer en Algérie, le gouvernement trouve ainsi la solution pour coloniser ce territoire tout en solutionnant le problème d'un bon nombre de miséreux qui risquent à tout moment de reprendre la rebellion.
Un "avis au public" est affiché à Paris le 24 septembre pour recruter 12 000 colons volontaires devant rejoindre l'Algérie avec leurs familles avant le 31 décembre 1848. Après un certain délai et sous certaines conditions de travail, ceux-ci pourront devenir définitivement propriétaires de leurs concessions.
Le succès est total, ce sont 36 000 candidats qui postulent. Seuls 15 000 partiront en constituant les fameux 17 convois de 1848 qui font tant "rêver" les Pieds Noirs aujourd'hui.
C'est ainsi que Dominique GAUDEL, son épouse Marie et leurs cinq enfants âgés de 3 à 17 ans embarquent à Bercy le 9 novembre 1848 dans des chalands "cabanés" qui les mèneront à Chalon sur Saône. Ils changeront plusieurs fois de transport pour atteindre Marseille où ils embarqueront sur la corvette à vapeur "Albatros" formant le 9ème convoi de colons.
Le 25 novembre, c'est le départ en direction de Ténès en Algérie. Dominique et Marie sont âgés de 40 ans ; Marie est enceinte de plus de sept mois. Ils font partie des 831 passagers destinés à peupler les colonies agricoles de Montenotte, La Ferme et Pontéba (6 km à l'est d'Orléansville).
La traversée de la Méditerranée se fait dans une tempête telle que l'Albatros doit aller à Alger pour revenir ensuite à Ténès le premier décembre 1848 par mer moins forte.
Les colons se séparent, certains s'installent à Montenotte, d'autres à la Ferme sous une pluie épouvantable. Au terme d'une dernière marche par des chemins en très mauvais état, les GAUDEL atteignent enfin Pontéba dans la journée du 6 décembre.
On est loin des rêves d'un paradis exotique : trois grandes baraques, de 80 m de long sur 6 m de large, construites en urgence par les militaires, une route défoncée, une rivière boueuse : le Chéliff., un paysage aride; seuls quelques champs cultivés par les militaires. Voila PONTEBA !
Dès le lendemain, chacun se met au travail, encadré par les militaires, sous le commandement du capitaine Michel Besse.
Quelques jours plus tard, le 1er janvier 1849, Marie Chardin accouche de Marie Louise GAUDEL, premier colon né à Pontéba, et sixième enfant du couple.
La vie se poursuit pour la famille GAUDEL, les enfants grandissent, se marient et c'est toute l'aventure de l'Algérie Française qui se déroule avec son lot de joies et de peines.
Certains GAUDEL resteront dans le secteur d'Orléansville : Pontéba , Oued Fodda, Ammari, comme cultivateurs, tandis que d'autres participeront à la construction et au développement du chemin de fer pour la compagnie PLM (Paris Lyon Méditerranée) dans la région de Blida ou serviront dans l'armée.
En 1962, c'est la fin tragique de cette aventure avec le retour des colons, dont ces GAUDEL qui avaient oublié pendant 114 ans que leurs racines profondes étaient en Lorraine !
J'ai retrouvé plusieurs descendants de Dominique le tailleur d'habits devenu colon cultivateur ; je leur dédie cette recherche.
La famille GAUDEL a suivi la même épopée que la famille NAUDIN dans le convoi numéro 9, puis à Pontéba. Le récit très détaillé de ces aventures provient du site "Pieds Noirs d'aujourd'hui", malheureusement disparu en 2019.