La grande famille de tous les GAUDEL

X et matheux ou de la descendance d’Antoine GAUDEL

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François Camille Antoine GAUDEL dit "Antoine GAUDEL" appartient à la branche de Paulus d'Orbey.

Je remercie vivement François GAUDEL, Polytechnicien, professeur agrégé de mathématiques, qui nous fait découvrir la prestigieuse descendance de son grand-père Antoine.

En 2002, j'avais eu le plaisir d'échanger quelques courriers avec Jean-Victor GAUDEL, fils d'Antoine et père de François. Jean-Victor et son épouse Jacqueline s'intéressaient à leur généalogie familiale. Ils étaient remontés à leurs ancêtres de Moussey, en Moselle. Aujourd'hui disparus, je vous propose de leur dédier cette page.

François GAUDEL vers 2000

Mars 2017

La descendance d’Antoine GAUDEL, professeur d’école normale en mathématiques né en 1883 et de son épouse Marie, professeur d’école primaire supérieure, tous deux décédés en 1942 est remarquable par le nombre de polytechniciens qu’on y rencontre auxquels il faut ajouter une chercheuse émérite en informatique, le reste étant constitué d’enseignants et enseignantes en mathématiques, du moins dans la génération de ses enfants et petits-enfants. Seule exception, leur fille Paulette, assistante sociale (un peu d’humanité diront ceux pour lesquels les sciences, et plus particulièrement les maths, symbolisent rigueur et sévérité). Elle épousa néanmoins un polytechnicien.

Les lignes qui suivent sont écrites par leur petit-fils François.

Notons qu’ils n’ont connu aucun de leurs petits-enfants. Il ne s’agit pas d’une dynastie bourgeoise, mais d’une lignée issue de milieux modestes, en passant par le métier d’instituteur. Merci à Gérard GAUDEL et à son magnifique travail !

Aussi loin que l’on puisse remonter, notre histoire commence donc vers 1580 avec Paulus GAUDEL, arquebusier à Orbey, Haut Rhin. Si une majorité des descendants de Paulus demeure dans cette région, l’un d’entre-eux, François GAUDEL, part se marier en 1696 et s’installer comme Maître charpentier, dans la région de Moussey, dans le sud de la Moselle. Les descendants de François y demeureront durant près de deux siècles, y prospérant diversement.

L’un d’entre-eux, Jean-Nicolas GAUDEL, né en 1794, sera manœeuvre comme son père François, puis cabaretier et propriétaire, à Bourdonnay, en Moselle. Médaillé de Saint Hélène, il avait été brigadier sous Napoléon 1er en 1815.

Jean-Nicolas aura cinq enfants, dont le cadet est Le capitaine Antoine GAUDEL, qui fut sans doute l’un des premiers notables de la famille. Notre père disait avoir entendu parler de son enterrement (1898) par son père. Notre arrière-grand-père, Camille, assista à l’événement à Lunéville, en présence du Sous-Préfet.

Le fils aîné, Camille Auguste, notre arrière-arrière-grand-père, décède en 1855 à 31 ans, alors qu'il était charretier à Bourdonnay. Il a eu avec son épouse Ursule, un fils, orphelin de père à un an et demi, puis de mère à presque quinze ans.

Ce fils, prénommé Camille lui-aussi, notre arrière-grand-père, sera instituteur à Rouves en Meurthe et Moselle, puis à Giriviller et à Lorey : il a quitté la Moselle en 1871 à 18 ans pour ne pas prendre la nationalité allemande à l’issue de la guerre de 1870. Son patriotisme lui venait sans doute de son oncle Le capitaine qui fut son témoin de mariage, en 1880.

Camille GAUDEL et son épouse Philomène MAST ont eu trois enfants :

-Marthe, dite « tante Marthe », née en 1881 et décédée en 1933 à Dombasle écrasée par une voiture qui peut-être roulait trop au bord de la route, devant la boucherie qu’elle tenait avec son époux. Il y eut un procès, sans suites pour le conducteur. Julien BASTIN son époux, était premier adjoint au maire à Dombasle. Je lui ai rendu visite avec mon père à la fin des années cinquante. Très jovial, il m’avait servi (je devais avoir une dizaine d’années) un grand verre de vin rouge de la vigne de son jardin, très âcre. L’une de mes sœeurs se souvient également de cette visite, et de ce vin.

-Antoine, notre grand-père, né en 1883, dont on va reparler.

-Gaston, véritable sosie de Lénine, directeur d’école à Rosières aux Salines, où il avait semble-t-il une solide réputation d’autorité. Avec son épouse Mélina, ils ont eu deux enfants : Pierre, dit « Le Pierrot » que nous n’avons pas connu, mais qui était géomètre dans le midi, et a eu un fils, Dominique, professeur de Français, que nous ne connaissons pas non plus ; et Françoise, l’aînée, dont l’époux était dentiste et nous soignait quand nous étions en vacances à Nancy.

 

Camille GAUDEL, son épouse Philomène, et leur fille Marthe, vers 1910

 

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Antoine GAUDEL a fait l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud, créée par Jules Ferry en 1882, un an avant sa propre naissance. Elle est devenue aujourd’hui l’ENS Lyon. Elle formait à l’époque les professeurs d’écoles normales, des établissements secondaires chargés de la formation des instituteurs. Notre grand-père était professeur de mathématiques. Il a épousé Marie CORRETen octobre 1917.

L’histoire raconte que le tocsin annonçant la guerre le premier août 1914 aurait sonné au moment où la couturière apportait sa robe de mariée à notre future grand-mère. Le mariage fut remis. Il eut lieu lors d’une permission le 22 octobre 1917, et notre père naquit neuf mois et 2 jours plus tard, le 24 juillet 1918.

Marie Corret était elle-même professeur d’école normale à Bar le Duc. Elle obtint sa mutation en école primaire supérieure, à Commercy pour rejoindre son futur mari. Ces écoles, ancêtres des collèges accueillaient les élèves pour trois ans, après le certificat d’étude, et débouchaient sur un certificat d’études primaires supérieures.

Il y avait beaucoup d’instituteurs dans la famille dès cette époque du côté de notre grand-mère. Son père avait été instituteur, et sa tante, une autre Marie Corret souvent évoquée sous le nom de « Tante Tioé », était directrice d’école primaire supérieures, retraitée; elle est décédée en 1948 à l’âge de 88 ans, et a contribué pour beaucoup à l’éducation de notre père.

Selon notre père, les moissons et autres événements agricoles étaient abondamment commentés à table.

Antoine et Marie ont eu deux enfants : Jean dit « Jeannot », qui deviendra « Jean-Victor », et Paulette.

Comme dans pas mal de récits de cette époque, Jean-Jeannot-Jean-Victor a appris à lire au fond de la classe (de sa mère sans doute). Il s’est retrouvé avec deux ans complets d’avance, passant son bac avant même d’avoir 16 ans (il était du 24 juillet). Il y avait semble-t-il sur ce point des divergences importantes entre la branche Antoine et la branche Gaston car du côté Gaston, on considérait que rien ne valait l’enseignement primaire et qu’il valait même mieux y passer un an de plus avant d’entrer en sixième. Ce qui était considéré comme une erreur par nos parents lorsqu'ils en parlaient.

 

Antoine GAUDEL et Marie CORRET vers 1920

 

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Au lycée Henri Poincaré de Nancy où il était élève, notre père Jean-Victor GAUDEL s’est fait un grand ami, Marcel DAVID, et du même coup a fait la connaissance de notre mère, soeur de Marcel (lors de leurs de leurs soixante ans de mariage, il disait ne plus savoir à quel moment précis de sa vie ils s'étaient sont connus). Notre mère était d’ailleurs, à partir de la classe de cinquième, dans la même classe que Paulette.

Avec Marcel et quelques autres, notre père adorait les maths et les sciences. Ils ont été présentés au concours général en 1934, année de terminale et il a eu un deuxième prix en physique et un troisième prix en maths. Il n’a pas été chercher ses prix (c’est sa mère et sa sœur qui y sont allés), pour une raison qui reste à clarifier : il trouvait injuste que notre futur oncle Marcel n’ait rien eu. Mais aussi ils avaient tous deux été battus en mathématiques par une fille, Jacqueline FERRAND (qui deviendra la mathématicienne reconnue, Jacqueline LELONG-FERRAND). Par la suite, quoique de styles très différents (Jean-Victor ordonné et méthodique, Marcel plus artiste et porté sur l’élégance des démonstrations), ils ont obtenu les meilleures récompenses pendant leurs années de classe préparatoire. Jean-Victor est entré cinquième à l’X et en est sorti en 1938 dans le corps des Ponts et Chaussées. Marcel est entré à Normale Sup et est devenu chercheur en maths et professeur d’Université ; décédé en janvier 2017 à l’âge respectable de 99 ans, il était connu à Reims pour y avoir fondé la Faculté des Sciences au tournant des années 50-60.

Notre père a 21 ans quand la guerre éclate. Il vient de finir l’X et son année de service (qui à l’époque venait en troisième) comme sous-lieutenant en Algérie. Il est fait prisonnier en 1940 à la fin de la « drôle de guerre » et ne sera libéré qu’en 1945, à 27 ans. Pendant ces années dont il ne parlait jamais mais dont il avait gardé pourtant de très fidèles amitiés, il avait perdu sa mère tout d’abord, puis son père tué dit-on par le chagrin.

Notre mère, issue d’un milieu juif peu pratiquant de Nancy était d’une famille aisée. Si son père, Lucien, marchand de bestiaux, n’avait fait que peu d’études, sa mère, Yvonne, était très cultivée pour une fille de sa génération, et, excellente pianiste, elle avait fait des études de musique poussées. Elle racontait avoir choisi son époux sur un album photo, et ils formaient un couple très uni aux rôles bien partagés. Notre grand-père est décédé brutalement d'une broncho-pneumonie juste avant la guerre. Les deux fils aînés ont été marchands de bestiaux comme leur père ; Jean et Marcel, deux jumeaux, ont été l’un magistrat, l’autre mathématicien ; notre mère, petite dernière a fait math sup et math spé au lycée Poincaré. En 39 elle avait été reçue à l’Ecole de chimie de Nancy. Pendant la guerre, tous se sont réfugiés en Dordogne où ils ont d’ailleurs participé à la résistance. Elle a pu poursuivre partiellement ses études à Clermont-Ferrand jusqu’en 1942 ou 43 en bifurquant vers les mathématiques, et au sortir de la guerre, a été auditrice à Sèvres puis a commencé à enseigner les mathématiques à Neufchâteau. Elle a arrêté cet enseignement à contre cœur pour nous élever, et s’y est remise au début des années soixante, se consacrant ensuite à « L’Ecole à l’Hôpital ».

Notre père a fait une carrière dans les Ponts et Chaussées. Il aimait beaucoup son métier, notamment pour son aspect « chantiers », aujourd’hui plutôt disparu. Il adorait voyager et a fini inspecteur général pour les départements d’outre-mer, ce qui le comblait.

Paulette GAUDEL s’est mariée en 1943 avec Jacques RAULIN qui avait été en classe préparatoire avec notre mère et faisait partie de leur groupe de copains. Elle l’avait retrouvé à Lyon où l’Ecole Polytechnique où il était élève s’était repliée, elle-même poursuivant ses études d’assistante sociale et venant de perdre ses parents. Notre cousin Gérard RAULIN est né à Laxou, le jour de la libération de Nancy, le 15 septembre 1944, à la lueur des bougies nous dit-on.

Jacques RAULIN était issu lui aussi d’un milieu d’enseignants : son père était évoqué par sa profession : à Toul, il était « le principal ». Jacques avait au départ trois ans d’avance mais a passé trois fois le concours de l’X avant d’être reçu, (ce qui aujourd’hui ne serait plus possible). Il semble qu’il ait eu un rêve contrarié d’enseignant de classe préparatoire. Il a été ingénieur à la SNCF. Ses frères et sœurs ont été enseignants ou ingénieurs.

 

De haut en bas et de gauche à droite : Antoine, Jean-Victor (Jeannot, à l’époque), Gaston,

Marthe, Marie, Mélina, une jeune fille inconnue, Pierre dit « Pierrot », Paulette et Françoise en 1932

 

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Paulette et Jacques ont eu quatre garçons. L’ainé Gérard a été reçu à Polytechnique en 1963 et en est sorti dans le corps de l’INSEE. Philippe, qui avait eu un accessit au concours général en mathématiques, y est entré major en 1964 (mais il regrettait d’avoir échoué à Normale Sup). Il a été secrétaire général de Framatome ; évincé lors de la création d’Areva en 2001, il est décédé bien trop tot le 24 août 2016. Patrice dit « Patou » est entré dans la même école en même temps que moi en 1966. Il est sorti dans les Ponts et Chaussées et a été directeur des Transports au ministère. Dominique a été … prof de maths comme tout le monde dans la famille...

Côté GAUDEL proprement dit, ma sœeur aînée Marie-Claude est la seule à ne pas être passée par les classes préparatoires. C’est également la seule qui a fait une carrière scientifique de mathématicienne, puisqu’elle est aujourd’hui professeur émérite en informatique et a obtenu notamment la médaille d’argent du CNRS.

Ma sœeur Janine a été prof de maths en collège. Sylvie a fait l’ENS Sèvres et a été professeur de mathématiques. Pour ma part j’ai fait Polytechnique, et ai bifurqué ensuite vers l’enseignement et d’autres activités liées à la grande secousse de mai 68 *.

Dans les nouvelles générations, il y a encore des profs (d’art plastique, de physique) et des métiers de scientifiques et d’ingénieurs, mais de façon non exclusive. Il n’y a plus de Polytechniciens … sauf un petit fils de Marcel DAVID et un conjoint dans une autre branche DAVID.

Mais franchement on ne s’en porte pas plus mal car c’est parfois un peu lourd à porter. Le prestige qui s’attache en France aux diplômes et à celui-là en particulier pèse et fait pression d’une façon pas toujours très saine qu’on le veuille ou non sur les générations. Et alors, l’intérêt pour les sciences et la compréhension du monde qui nous entoure peut se muer en une contrainte insupportable, ce qui est bien dommage.

Les causes culturelles de cette épidémie de matheux sont évidentes cependant quand on regarde l’historique, même si elles n’expliquent sûrement pas tout. Notons que les femmes en ont été des vecteurs importants. La tante Tioé de notre grand-mère, retraitée, a veillé à l’éducation scolaire des enfants d’Antoine ; notre mère a contribué à nous donner le goût des maths, et nous a fortement vanté les qualités de notre père et de notre oncle Marcel. Elle ne nous a pas appris à lire et pourtant nous nous sommes retrouvés tous avec deux ans d’avance (à quelques mois ou quelques jours près pour deux de mes sœurs) sans même savoir comment.

Du côté RAULIN la pression culturelle n’était pas moins grande, et l’importance accordée aux études très forte. Dans chacune des deux chambres de l’appartement de la place Saint-Lambert à Paris où dormaient les quatre garçons, un grand tableau vert crépitait sous la craie à l’époque où, pensionnaire à Paris, pour mes classes préparatoires, je m’y rendais le week-end.

La suite, celle des jeunes générations reste maintenant à écrire, d’une façon forcément différente, et par elles-mêmes. Comment Antoine GAUDEL et Marie verraient-ils leur nombreuse descendance, eux qui décédés pendant la guerre, n’ont connu aucun de leurs petits enfants ?  Les arrière-petits enfants de Paulette, eux sont plutôt innombrables, au point elle prétendait ne pas savoir combien ils étaient.

En tout cas, avec cette descendance de mathématiciens et d’ingénieurs, on voit se développer une singularité sociale et historique qui se noue sur quelques générations, et qui aujourd’hui inexorablement se normalise. De telles singularités, de natures différentes, il y en a eu et il y en aura sûrement d’autres dans la grande famille de tous les GAUDEL.

* En 2007, François GAUDEL crée l'association Science Ouverte qui propose à des éléves du département de Seine Saint Denis où il enseignait, l'occasion de découvrir les sciences en dehors du carcan scolaire.

 

 

Quelques compléments généraux et familiaux

Avis de décès de Camille GAUDEL paru sur "L'Est Républicain" du 05 mai 1921

"L'Est_Républicain" du 11 juillet 1934

Palmarès du Concours Général des lycées et collèges, en 1934

Classes de mathématiques ("terminale S" en 2017) : Marie FERRAND, née le 17 février 1918 à Alès, élève du Lycée de garçon de Nîmes, remporte le premier prix de mathématiques. Il s'agit évidemment de la fameuse mathématicienne Jacqueline FERRAND.

Sur le même palmarès, Jean GAUDEL (Jean-Victor), élève du lycée de Nancy (lycée Henri Poincaré en 2017), y figure deux fois, remportant le 3è prix de mathématiques, et le 2è prix de physique.

1987 à Morzine-Avoriaz

Jean-Victor, fils aîné d'Antoine GAUDEL, accompagné de son épouse Jacqueline DAVID.

A droite, Marcel DAVID, ami de lycée de Jean-Victor, devenu son beau-frère.

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En juillet 1929, Jean-Victor GAUDEL et Marcel DAVID, élèves en classe de cinquième au lycée Henri Poincaré de Nancy, se partageaient le prix d'excellence.

1953 en Bretagne

Paulette, second enfant d'Antoine GAUDEL, avec son époux Jacques RAULIN, leurs quatre fils, et François.

Patrice, François GAUDEL, Gérard, Philippe et Dominique dans la poussette.

Près de soixante années séparent ces deux photos prises en 1957 et en 2015.

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Les huit petits-enfants d'Antoine GAUDEL posent dans le même ordre de gauche à droite :

Dominique, Sylvie, Janine, François, Patrice, Marie-Claude, Philippe, Gérard

Mai 2015

Descendants, et leurs conjoints, de Jean-Victor GAUDEL et de Jacqueline DAVID.

 

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